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  By Louis Bataille

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Jour 31 - 27 juillet

Sommet de la Montagne Sainte-Victoire (13) - Bivouac sur le GR 9 au pied de la Montagne Sainte-Baume (83) / 43 km  /  dist. totale 1408 km

31ème et avant dernier jour de marche. Je suis réveillé par la pluie et les éclairs qui grondent autour de la montagne Sainte-Victoire. Tout le monde est encore au fond de son duvet, aucune motivation pour bouger alors que la tempête ne se calme pas. Pour la deuxième fois de mon voyage je repousse mon départ au maximum en espérant que le temps se lève. Mais si je veux arriver demain soir à Bandol, il ne faut pas non plus que je tarde trop… Une matinée de gâché, égale 20 kilomètres qui s'envolent.

Je profites d'une accalmie vers 10h30 pour le lancer à l'assaut des crêtes de la Montagne Sainte-Victoire. J'enroule mes sacs et moi-même dans de gros sacs plastiques, et c'est parti. Le temps c'est calmé, j'ai plus qu'à espérer que ça dure. Après quelques kilomètres, toujours aucune visibilité, j'avance dans un paysage qui doit être magnifique, sans voir à 10 mètres. Incroyablement frustrant. Mes espoirs de beau temps s'envolent finalement lorsque le tonnerre revient. La petite accalmie n'aura duré qu'un court instant. Me voici maintenant en plein milieu des crêtes, sous les orages. Les éclairs tombent quelques mètres devant moi, puis quelques mètres derrière, ils sont partout, je suis tout sauf rassuré. Perdu sur les sommets de la montagne, je n'ai pas le choix, il faut continuer d'avancer. Aucun abri, aucune issu de secours, j'ai plus qu'à espérer que la grande croix au sommet de la montagne me serve de paratonnerre. Vers 12-13h, j'arrive finalement au bout des crêtes, je rejoins le sentier qui me mène au pied de la montagne, je suis sein et sauf, rassuré, j'ai eu peur.

Au village de Puyloubier, forcement, le temps se lève, le soleil est de retour. Je cherche un endroit pour déjeuner, mais tout est mystérieusement fermé… On m'indique alors la "Légion étrangère" un peu plus loin sur la route. Je pensais qu'il s'agissait d'un restaurant, je comprends en arrivant sur place qu'il s'agit en fait d'une résidence appartenant à la Légion étrangère. Naturellement je demande à l'accueil où est-il possible de déjeuner, on me répond sèchement qu'il ne s'agit pas d'un restaurant, et que si l'on veut venir déjeuner il faut réserver une semaine à l'avance. Après une courte discussion, en lui expliquant d'où je viens et où je vais, il accepte de me recevoir et me conduit alors à la buvette en demandant qu'on me serve quelque chose. Le cuissot s'active et me concocte un bon repas avec les quelques restes trouvés dans le frigo. A peine à table que des légionnaires débarquent, et commencent à me parler en anglais. Naïvement, je pense "légion étrangère" donc normal qu'ils parlent anglais. Pas du tout, c'est juste pour me faire marcher. S'ils ne sont pas tous français, ils parlent tous parfaitement la langue. Ca les fait rire, on commence à sympathiser, ils me payent une première bière. Je suis tombé au bon endroit ! Ce sont les légionnaires de la légion étrangère d'Aubagne, venus fêter le départ de l'un d'entre eux. Ils sont impressionnés par mon périple, venant de militaires habitués à beaucoup marcher, j'ai de quoi être flatté ! Et voilà une autre tournée de bière, j'ai accepté la première, je n'ai pas le droit pas refuser celle-ci. Quelques heures et quelques tournées de bière plus loin, j'arrive enfin à me remettre en route.

Je n'aurais pas beaucoup avancé depuis ce matin, il vaut maintenant rattrapé ce retard, sinon pas de Bandol demain! Je repars alors dans une longue marche sans escale. J'avale autant de kilomètres que je peux. Tout ce que je marche aujourd'hui, c'est tant de kilomètres en moins pour demain. Engagé sur le GR9, je décide alors de marcher jusqu'à la tombée de la nuit. Je finis par ne plus rien voir du tout, je pose alors ma tente sur le bord du sentier, au pieds de la Montagne Sainte-Baume que je découvrirais demain. J'avale un petit sandwich et au dodo, pour reprendre quelques forces avant ma dernière journée de marche. L'excitation commence à monter...

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